Reconnecter avec le corps
(Traduction Robert Geoffroy, vidéo visible sur http://blogbug.filialise.com)
Reconnecter avec le corps
– Il y a un certain temps que je n’ai pas mentionné le fait d’être dans le corps. Alors, ressentons cela maintenant ! En étant assis là, sentez le champ d’énergie. Alors que nous sommes assis ici, nous sentons un certain aspect vivant qui pénètre le corps. C’est très simple, mais il faut que de l’attention aille là, autrement vous ne pouvez rien ressentir du tout. Cela veut dire que vous devez retirer de l’attention consacrée au penser. Si vous êtes complètement dans les pensées, vous ne pouvez aucunement ressentir votre corps. Vous ne vous sentez plus vivants. Il n’y a plus que des distractions.
Il y a quelque chose de magnifique ici. Ce n’est pas seulement que le corps aime être reconnu et avoir votre attention. C’est quelque chose à faire qui guérit vraiment. Or, ce qui est plus important encore, cela ralentit le pensé de façon considérable, si cela ne l’arrête pas complètement, parce que si votre attention est ici, elle ne peut être là-bas. L’état incarné est très agréable.
Ce que vous ressentez n’est finalement pas le corps physique. C’est déjà à mi-chemin au-delà du corps physique. C’est le khi, l’énergie vitale. Et je dis que c’est à mi-chemin entre la forme et le sans-forme. C’est le pont, le khi est le pont entre la dimension sans forme et la forme. C’est donc magnifique de sentir cela. Vous pouvez le faire partout. Quand il y a assez d’espace, vous n’avez pas besoin de vous concentrer à 100 % sur l’extérieur. Accordez un peu d’attention au corps alors que nous sommes assis ici.
Cela fait disparaître l’ennui par exemple. Quand votre attention est dans le corps, vous ne vous ennuyez pas. En fait, vous êtes dans la joie d’être, de sentir la vie. Et cela peut constituer comme un ancrage pour demeurer présent. Et cela peut être une manière de regarder le monde, sans l’étiquetage mental inutile. C’est la perception claire. Et vous pouvez regarder toute situation qui se présente à partir de cette perception claire.
Et à partir de cette perception claire, vous savez ce que vous avez à faire ou ce qui requiert une action dans cette situation. C’est une intelligence supérieure que vous contactez via le corps, une intelligence supérieure à la connaissance acquise du mental humain. Vous savez alors quoi faire. Elle agit, elle vous dit, vous donne une compréhension ou il y a une action spontanée. Et s’il n’y a rien à faire, être est suffisant. Vous pouvez appréciez de simplement être.
Avant de vous endormir le soir, c’est une occasion excellente d’aller dans le corps. « Oh, je ne peux pas dormir. J’aimerais tant pouvoir dormir ! ». Pourquoi ne faites-vous pas quelque chose d’utile ? Aller dans le corps. Vous êtes alors allongés là et vous ressentez la vie qui circule. « Oh, j’espère que je ne vais pas m’endormir trop vite, parce que c’est si bon ! ». Et avant de vous en rendre compte, peut-être allez-vous vous endormir. Vous vous réveillez alors le matin et peut-être ressentez-vous un lien, une sensation là dans votre corps.
Si ce n’est pas le cas, en vous réveillant, mettez en premier lieu votre attention dans le corps avant de vous mettre à penser à votre journée, juste quelques minutes, trois minutes, deux minutes. C’est un bon début de journée. Se sentir vivant ne peut pas être un mauvais début de journée. Je vais vous dire ce qu’est un mauvais début de journée : écouter les informations en tout premier lieu. C’est une base, mais non pas une base lourde. C’est un enracinement dans l’être.
« Lorsque vous perdez contact avec votre immobilité intérieure, vous perdez contact avec vous-mêmes. Lorsque vous perdez contact avec vous-mêmes, vous vous perdez à l’intérieur du monde »
L’immobilité est l’essence de votre nature. Qu’est-ce que l’immobilité? C’est l’espace intérieur ou l’endroit dans la conscience où les mots sur cette page sont perçus et deviennent des pensées. Sans cette conscience, il n’y aurait ni perception, ni pensée, ni monde.
Vous êtes cette conscience sous la forme d’une personne. Lorsque vous perdez contact avec votre immobilité intérieure, vous perdez contact avec vous-mêmes. Lorsque vous perdez contact avec vous-mêmes, vous vous perdez à l’intérieur du monde. La perception profonde de votre moi, de qui vous êtes, est intimement liée à l’immobilité. C’est le Je Suis encore davantage que le nom et l’apparence. L’équivalent du bruit extérieur est le bruit intérieur de la pensée. L’équivalent du silence extérieur est l’immobilité intérieure.
Quand il y a du silence autour de vous, écoutez-le. C’est-à-dire, prenez-en simplement conscience. Portez-y attention. Écouter le silence éveille la dimension d’immobilité en vous, car c’est seulement dans l’immobilité que vous pouvez prendre conscience du silence. Remarquez qu’au moment où vous prenez conscience du silence autour de vous, vous n’êtes pas en train de penser. Vous êtes conscient, mais vous ne pensez pas.
Lorsque vous prenez conscience du silence, s’installe immédiatement un état intérieur d’alerte immobile. Vous êtes présent. Vous vous êtes libéré de millions d’années de conditionnement humain collectif.
Regardez un arbre, une fleur, une plante. Prenez-en conscience; comme ils sont immobiles, comme ils sont enracinés profondément dans l’Être. Laissez la nature vous enseigner l’immobilité. Lorsque vous observez un arbre et que vous percevez son immobilité, vous devenez immobile vous-mêmes. Vous communiquez avec lui à un niveau très profond. Vous sentez une unité avec tout ce que vous percevez lorsque vous êtes en état d’immobilité. Sentir que vous faites un avec tout ce qui vous entoure, c’est ça l’amour véritable.
Le silence facilite les choses, mais vous n’en avez pas besoin pour être immobile. Même en présence du bruit, vous pouvez prendre conscience de l’immobilité derrière le bruit, de l’espace d’où origine ce bruit. C’est l’espace intérieur de la conscience pure, la conscience même.
En toile de fond de toute perception sensorielle, de toute pensée, il est possible de devenir conscient de la conscience. Devenir conscient de la conscience, c’est la naissance de l’immobilité intérieure. N’importe quel bruit distrayant peut s’avérer aussi utile que le silence.
Comment? En laissant tomber votre résistance intérieure au bruit, en le laissant être ce qu’il est, cette acceptation vous amène également au royaume de cette paix intérieure qu’est l’immobilité.
Chaque fois que vous acceptez profondément le moment tel qu’il est, peu importe sa forme, vous êtes immobiles, vous êtes en paix. Portez attention à l’intervalle : l’intervalle entre deux pensées, le silence bref entre les mots d’une conversation, entre les notes d’un piano ou d’une flûte, ou l’intervalle entre une inspiration et une expiration.
Lorsque vous portez attention à ces intervalles, la conscience de « quelque chose » se manifeste, juste la conscience. La dimension sans forme de la conscience pure s’éveille en vous et elle vient remplacer l’identification à la forme. La véritable intelligence opère silencieusement. L’immobilité est l’endroit d’où émergent la créativité et les solutions aux problèmes. Est-ce que l’immobilité est seulement l’absence de bruit et de contenu? Non, c’est l’intelligence elle-même; la conscience profonde d’où origine toute forme. Et comment pourrait-elle être différente de qui vous êtes? La forme que vous pensez incarner en est issue et elle est nourrie par elle.
C’est l’essence de toutes les galaxies et de tous les brins d’herbe; de toutes les fleurs, les arbres, les oiseaux, de toute forme. L’immobilité est la seule chose, dans ce monde, qui n’a pas de forme. En fait, ça n’est pas vraiment une chose, et elle n’appartient pas à ce monde.
Lorsque vous regardez, en état d’immobilité, un arbre ou une personne, qui est-ce qui regarde? C’est quelque chose de plus profond que votre personne. C’est la conscience qui regarde sa création. Dans la Bible, il est écrit que Dieu créa le monde et vit que cela était bon. Et c’est ce que vous voyez lorsque vous regardez à partir de l’immobilité, sans pensée.
Avons-nous besoin de plus de connaissances? Qu’est-ce qui va sauver le monde? Plus d’information, des ordinateurs plus puissants, davantage d’analyses scientifiques ou intellectuelles? Est-ce que l’humanité aujourd’hui n’a pas surtout besoin de sagesse? Mais qu’est-ce que la sagesse et où peut-on la trouver? La sagesse découle de la capacité à être immobile. Seulement regarder et seulement écouter. Rien d’autre. Être immobile, regarder et écouter active l’intelligence non-conceptuelle en vous. Laissez l’immobilité inspirer vos paroles et vos actions.
Eckhart Tolle